David Isaac Haziza, Talisman sur ton cœur, polyphonie sur le Cantique des cantiques, éd. du Cerf, 26 mai 2017, 276 pages.
Nigra sum sed formosa, filiae Jerusalem. Je suis noire mais je suis belle, filles
de Jérusalem. Ainsi lisait-on, apprenait-on pour ses études littéraires, le Cantique des cantiques, ce livre
énigmatique de la Bible. Tout était dans le « sed », dans le
« mais », un peu comme l’ « ergo » du Cogito. Les modulations du verbe être… Ce passage du Cantique est sans doute le plus fameux,
repris par allusion à maintes reprises. Pour ne donner qu’un exemple :
l’incipit de Gaspard, Melchior et
Balthazar de Michel Tournier, « Je suis noir mais je suis roi. » Le Cantique des cantiques fait partie de
la culture commune, il n’est pas nécessaire d’avoir suivi des études de
théologie pour en avoir eu vent, c’est là sans doute un des secrets des textes
bibliques. Au même titre qu’Adam et Eve, le passage de la mer rouge, les
cheveux de Samson, les cavaliers de l’Apocalypse, et bien d’autres épisodes encore,
le Cantique des cantiques est de ces
motifs civilisationnels que nous portons en nous, sans le savoir, comme ces
chansons que nous pouvons fredonner sans avoir le moindre souvenir de les avoir
apprises, ni même entendues.