lundi 16 octobre 2017

Pourquoi les oiseaux meurent de Victor Pouchet

Victor Pouchet, Pourquoi les oiseaux meurent, éd. Finitude, 7 septembre 2017, 192 pages.


Les oiseaux occupent, dans les titres de romans, cette place particulière de l’énigme, ou de l’incompréhensible affirmé. Ils vont mourir au Pérou ou se cachent pour mourir, et, chez Daphné Du Maurier et Hitchcock, ils donnent leur titre générique à la menace et au crime. Ils sont victimes ou bourreaux, rarement anodins. Le pigeon de Patrick Süskind n’est plus qu’un œil angoissant et révélateur. Victor Pouchet donne à son roman formidable le titre sans point d’interrogation de Pourquoi les oiseaux meurent. Ce n’est pas une question. Et le livre ne délivrera pas d’explication. Ce sont des oiseaux tombés du ciel, comme ça, des oiseaux morts tombés du ciel par milliers sur les plages normandes, à quelques jours d’intervalle, qui vont pousser le narrateur à mener l’enquête. Que l’information soit passée à peu près inaperçue dans les médias, et oubliée si vite sans que personne ne s’interroge, plonge le narrateur dans un état d’incompréhension à plusieurs degrés. D’autant plus que la première pluie d’oiseaux morts a eu lieu dans la bourgade normande où il a passé son enfance, et où son père vit toujours.

jeudi 5 octobre 2017

L’Autre Rive de Georges-Olivier Châteaureynaud


Georges-Olivier Châteaureynaud, L’Autre Rive, (première édition Grasset, 2007),  éd. Zulma, collection Z/a, 5 octobre 2017, 768 pages.

Parvenir à créer un monde crédible, hanté par des personnages à la fois hors-normes et proches de nous, voilà le défi que devrait tenter de relever tout écrivain de fiction. Dans L’Autre Rive, Georges-Olivier Châteaureynaud a forgé un monde imaginaire peuplé d’une humanité qui nous ressemble et nous bouleverse. Ce roman, publié pour la première fois chez Grasset en septembre 2007 et réédité ce mois-ci chez Zulma – un dixième anniversaire, donc – nous renvoie, sous forme romanesque et métaphorique, à nos sociétés occidentales basées sur le Politique, l’Economique et le Social, à ce que nous sommes et voulons être, à nos angoisses et aspirations.

Le personnage principal, Benoît Brisé, adolescent candide et perdu, cherche à savoir qui est son père. C’est sa quête, douloureuse et motrice. Autour de lui ses amis de lycée et leurs familles patriciennes, la jeune fille dont il est amoureux et le frère complètement barge de celle-ci, sa mère adoptive, son parrain délinquant, ses pseudo-tantes, un vieux poète et un commissaire de police, entre autres. La quête de Benoît Brisé se déroule dans le huis-clos d’une ville au nom écrasant d’Ecorcheville, sise au bord du Styx.


Addendum : C'est à ce roman que je dois ma "vocation" de critique littéraire. Et c'est au personnage de Lola Balbo - la mère de Benoît Brisé - que j'ai emprunté mon nom de fictionnaire (avec l'autorisation de l'auteur, bien sûr...!)