lundi 24 janvier 2022

Les Filles d’Egalie de Gerd Brantenberg

Gerd Brantenberg, Les Filles d’Egalie (Egalias døtre, 1977), traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud, éd. Zulma, 6 janvier 2022, 384 p.



Les Filles d’Egalie est un roman norvégien de la fin des années 70 qui nous parvient seulement aujourd’hui en français. Roman qui semblait intraduisible, mais que Jean-Baptiste Coursaud, a remarquablement traduit en jouant du lexique et de la grammaire pour non seulement féminiser la langue, mais aussi faire sonner différemment les dictons et expressions toutes faites, par exemple : « courir deux hases à la fois ». Il faut dire qu’en Egalie, le féminin domine. C’est une société inversée où les femmes travaillent et gouvernent, où les hommes s’occupent des tâches ménagères et sont soumis à des impératifs de beauté… C’est le monde à l’envers.

Cette inversion des genres est un parti pris d’où naît, en premier lieu, le comique. Un époux teint et boucle sa barbe tandis que son épouse rentre du travail. Un adolescent est en âge de porter un soutien-verge, artefact incommode aux baleines blessantes, et on lui reproche d’être tout maigre.

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jeudi 20 janvier 2022

La Décision de Karine Tuil

Karine Tuil, La Décision, éd. Gallimard, 6 janvier 2022, 304 p.



Il y a bien des manières, en littérature, de s’emparer du thème du terrorisme. Karine Tuil choisit de mettre au centre de son roman un juge antiterroriste. Une juge, plus précisément. Elle s’appelle Alma Revel. Elle a cinquante ans, est mère de trois enfants. Son ménage bat de l’aile, son mari est un écrivain qui a obtenu un prix littéraire prestigieux mais qui peine à présent dans son œuvre. Elle est amoureuse d’un avocat qui défend les terroristes, et ils se retrouvent à travailler sur la même affaire. Cette situation va poser des problèmes de déontologie, bien évidemment, mais aussi des problèmes de sentiments, et peut-être d’influence sur une décision à prendre.

En réalité, plusieurs décisions sont mises en avant dans ce roman parfaitement mené, aux imbrications multiples, représentatives tout à la fois d’un métier et d’une conscience professionnelle, d’un état de la société et d’une situation amoureuse.

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dimanche 2 janvier 2022

Anéantir de Michel Houellebecq

Michel Houellebecq, Anéantir, éd. Flammarion, 7 janvier 2022, 736 p. 



Le roman commence fin 2026. 2027 est une année présidentielle, le président ne peut pas se représenter, il est au pouvoir depuis deux mandats. Il aura occupé la magistrature suprême – Houellebecq emploie souvent cette expression – entre deux dates, 2017 et 2027, qui sont des nombres premiers. Dans les sphères ministérielles et administratives où se déroule une partie du roman, on trouve des Normaliens, ou des Enarques, pour penser ainsi, sur un mode en limite de pensée magique. 

Nous sommes en 2027, et le monde est confronté à des attentats étranges, des pseudo-attentats dans un premier temps, des vidéos diffusées sur le net. Sur l’une d’elles, par exemple, on assiste à la décapitation – avec une guillotine – du ministre français des Finances, Bruno Juge.

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