lundi 29 février 2016

Cahier de L’Herne Jean Cocteau



Jean Cocteau, Cahier de L’Herne, collectif, sous la direction de Serge Linarès, 544 pages, février 2016.

Les éditions de L’Herne publient en ce début d’année 2016 un Cahier consacré à Jean Cocteau. « Je reste avec vous », voilà ce qui est gravé sur la tombe de Milly la Forêt. Serge Linarès, dans son introduction, souligne que l’œuvre de Cocteau « n’oppose  pas seulement une étonnante force de résistance au passage du temps », mais que de surcroît, « dépouillée des préjugés et des mythes qui l’ont environnée du vivant de l’auteur, elle atteint aujourd’hui la plénitude d’exercice de ses facultés créatrices ». Cocteau, c’est le créateur par antonomase. Le Poète, qui déclinait son travail en poésie, cinéma, dessin, théâtre, roman, essais… Il était aussi poète de sa vie, sachant se lier aux plus beaux, aux plus grands, dans des amitiés et des amours où l’admiration tenait une place prépondérante. Cocteau aimait admirer.

mercredi 24 février 2016

Le Voyage et la Demeure, L'itinéraire poétique de Sylvestre Clancier

J'ai le plaisir de vous présenter l'essai que j'ai consacré à la poésie de

Sylvestre Clancier



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mercredi 17 février 2016

L’Esprit du judaïsme de Bernard-Henri Lévy



Bernard-Henri Lévy, L’Esprit du judaïsme, éd. Grasset, 3 février 2016, 448 pages.

« Il n’y a pas de mal à vouloir être soi. »
Bernard-Henri Lévy, L’Esprit du Judaïsme, p. 431.
 
Si la judaïté est une appartenance, le judaïsme n’est pas un communautarisme. Tel est le premier enseignement de L’Esprit du judaïsme que Bernard-Henri Lévy publie ce mois-ci chez Grasset, sous une jaquette placée sous le signe de Rothko. Entre prologue et épilogue, les deux parties de l’ouvrage scrutent au plus près « La gloire des Juifs » et « La tentation de Ninive ». B.-H.L. livre un autoportrait de conviction et d’engagement : ne se laisser ni faire ni défaire, ne renoncer à rien, affirmer et avancer. Le sang-froid et l’espérance sont une nécessité.



lundi 15 février 2016

Occupe-toi d’Arletty ! de Jean-Pierre de Lucovich



Jean-Pierre de Lucovich, Occupe-toi d’Arletty !, éd. Plon, 2011 et éd. 10/18, janvier 2016.



« Mon cœur est français mais mon cul est international ! » On connaît la réplique d’Arletty, qui n’est pas tirée d’un film mais a été prononcée par l’actrice lors de l’épuration – réplique peut-être soufflée par Jeanson, le célèbre dialoguiste. Ça ressemble à un très bon mot d’auteur, comme cette autre réplique qui nous est également parvenue : Arletty est emprisonnée quelques temps, une détenue lui demande des nouvelles de santé, et la môme de Courbevoie répond « pas très résistante ». C’est que durant l’Occupation, Arletty a eu une liaison avec un officier allemand, Hans Jürgen Soehring. Sur cette base historique, Jean-Pierre de Lucovich imagine un polar efficace au casting ébouriffant.

L’amant d’Arletty, dans le roman, s’appelle Karl von Sperlich, et on ne le voit qu’en photo. Il trône sur une table, dans le salon d’Arletty, et a laissé quelques vareuses dans une penderie. Occupé ailleurs, le bel Allemand. Pendant son absence, l’actrice reçoit des menaces de mort sous la forme de petits cercueils. Qui la menace ? Et pourquoi ? Pour sa liaison ? Pour avoir tenu un rôle au cinéma à la place d'une autre actrice pressentie puis écartée ? Le détective Jérôme Dracéna enquête.

Le roman se déroule donc dans le Paris de l’Occupation. On croise tout le monde, ou presque, et c’est un régal. L’adorable Carette, le distant Pierre Fresnay, Cocteau, Sacha Guitry… C’est Dita Parlo, héroïne de L’Atalante de Jean Vigo et incarnant le seul rôle féminin de La Grande Illusion de Jean Renoir, qui est plus ou moins au centre de l’intrigue. Une actrice allemande tournant en France, écartée au profit d’Arletty sur les écrans. Le Paris de l’Occupation, c’est aussi le Gai Paris, celui des cabarets, des bordels, des officiers allemands attablés avec des filles et des gestapistes. Bonny et Lafont sont là, bien sûr. On visite le One Two Two, le plus fameux bordel de la capitale (1).

Jean-Pierre de Lucovich parvient à ressusciter la période de l’Occupation avec brio. Pas un détail ne manque : la Juvaquatre du détective, les gratins de rutabagas mis en parallèle avec les repas améliorés grâce au marché noir, les répliques des films que l’on se récite, les chansons de Reda Caire et les musiques de Django Reinhardt. Mais là où le roman prend tout son sel, c’est lorsque Léonie Bathiat, dite Arletty, s’exprime. On entend véritablement sa gouaille, et l’on reproduit, en pensée, son phrasé :

« C’est pas d’ma faute si je suis sentimentale, mais faudrait pas me prendre pour une poule ! J’ai tourné un film avant la guerre où j’avais une réplique qui a fait beaucoup rire : “J’ai l’corps un peu en vadrouille, ça n’empêche pas d’avoir l’âme ingénue”, mais minute, faut pas confondre, c’était pas moi, c’était mon personnage. Bon d’accord, j’vous l’accorde, y avait un peu de moi… »

Pour ceux qui, comme moi, ont acquis leur culture classique cinématographique grâce au ciné-club de la deuxième chaîne – Claude-Jean Philippe a été un prof formidable ! – Occupe-toi d’Arletty est une très jolie manière de réviser son noir et blanc.  

*

Notes
(1) – Et c’est là que l’on se rend compte que les chambres de la maison de Bernard Blier, dans Le Cave se rebiffe, sont calquées sur celles du célèbre bordel du 122 rue de Provence.