jeudi 25 juin 2015

Surprise 11 – Plagiat


Pour solde de tout compte



Peut-être que ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, ça, qu’on plagie l’un de mes articles. Plagier, c’est ce que l’on apprend à ne pas faire à nos lycéens et étudiants, dans notre lycée, où est en vigueur une charte anti-plagiat dont je donne ici l’article 1 :


Ce qui est valable au niveau du lycée et de l’université l’est aussi dans le domaine de la critique littéraire, mais les sanctions ne sont pas les mêmes… Le respect de la propriété intellectuelle d’autrui est une marque de bienséance et de bonne éducation. Ce que tu as écrit me plaît, correspond exactement à ce que je pense, donc je te cite, et je mets des guillemets. La moindre des choses…

Hier soir, je découvre sur le site de La Cause Littéraire (qui devrait changer de nom… on y défend cette cause d’une bien étrange manière…) un article signé Laurence Biava, directrice adjointe de la publication, à propos de Vernon Subutex 1 de Virginie Despentes. Cet article reprend à peu près mot pour mot, au moins dans sa première partie, une chronique que j’ai publiée en janvier dernier sur La Règle du Jeu.

Voyons voir :

Ce que j'ai écrit : "Vernon Subutex est construit selon trois axes qui, narrativement, se rejoignent et fusionnent : il s’agit d’un roman policier, d’une fresque contemporaine, et de la première saison d’une série littéraire – sur le modèle des séries télévisées."

Ce que Mme Biava publie sous son nom : "Vernon Subutex est construit selon trois axes qui, narrativement, se rejoignent. Ici, il s’agit d’un roman policier et de la première saison d’une série littéraire, avec toutes les caractéristiques des séries contemporaines télévisées."

Ce que j'ai écrit : "Ce Vernon Subutex est un type attachant, un ancien disquaire jeté à la rue par l’explosion du numérique. Des disquaires, il n’y en a plus, ou presque : un boulot, et dans le cas de Vernon ce boulot était sa passion, passé à la trappe. Jeté hors de chez lui, Vernon puise dans son carnet d’adresses et dans sa liste de contacts Facebook pour trouver à se loger, une nuit ou plus, chez celui-ci ou celle-là. Des amis, des ex, des loosers ayant un toit sur la tête, des traders-winners sniffant cocaïne dans des hôtels particuliers… C’est Paris. Non pas le petit peuple de Paris, mais le peuple de la musique, de la nuit, des marges. (...) Ses personnages rêvent d’être ce qu’ils ne sont pas, de redevenir ce qu’ils ne sont plus".

Ce que Mme Biava publie sous son nom : "Qui est Vernon Subutex ? C’est un type plutôt attachant, un ancien disquaire passionné, jeté à la rue en raison de l’explosion du numérique. Le roman raconte sa dérive et sa catharsis. Se mêle tout du long de l’histoire très scénarisée une mélancolie cristallisée par le personnage de ce Vernon fortement nostalgique, entouré des fantômes de ses amis de jeunesse aujourd’hui disparus. En premier lieu, il puise dans son répertoire d’adresses pour trouver à se loger : des amis, des ex, des losers ayant un toit, des traders sniffant cocaïne dans des hôtels particuliers… C’est Paris et ses quartiers chauds dont les descriptions faites par Despentes vont (forcément !) rester mémorables. Le peuple de la musique et de la nuit, rejoint celui des marges dans ce qu’il a de plus strié. (...) Dans ces pages, elle extrait et distille les angoisses et les attentes de tous ses personnages en bout de course, entre désillusion et réalisme, qui rêvent d’être ce qu’ils ne sont pas, de redevenir ce qu’ils ne sont plus."

Le web n’obéit pas qu’à la loi de la jungle – ce que je publie est à tout le monde, vas-y mon gars, sers-toi. Une amicale mobilisation sur les réseaux sociaux a eu raison de la plagiaire, son article a été retiré de La Cause Littéraire, et c’est tant mieux. J’aurais aimé un (tout) petit mot d’excuse, mais bon, attendons, cela viendra peut-être…
  
Je veux remercier ici tous ceux qui ont œuvré amicalement à cette heureuse issue (Virginie, Caroline, Marie-Hélène et Kévin, entre autres, et tous les amis inconnus). Et remercier aussi la rédactrice en chef de La Règle du Jeu pour sa prompte réaction.

L’affaire est close, n’en parlons plus.


mardi 23 juin 2015

Regards croisés (17) – L’Incroyable Histoire de Wheeler Burden, de Selden Edwards


Regards croisés
Un livre, deux lectures – en collaboration avec Virginie Neufville



Selden Edwards, L’Incroyable Histoire de Wheeler Burden (The little book), traduit de l’anglais (USA) par Hubert Tézenas, éd. Cherche-Midi, 2014 et éd. 10/18, 25 mai 2015.

L’Incroyable histoire de Wheeler Burden, dont le titre français renvoie à l’histoire non moins incroyable et tout aussi étrange de Benjamin Button, est un roman virtuose et poignant. Selden Edwards y a travaillé pendant trente ans, autant dire que c’est l’œuvre d’une vie. La situation de départ est celle du voyage dans le temps : Wheeler Burden, ancienne star du base-ball puis du rock, devenu écrivain, a la petite cinquantaine en 1988. Il se réveille un matin, au même âge, dans la Vienne de 1897. La capitale autrichienne, en cette fin de siècle, bouillonne : c’est le temps de Mahler, de Klimt, de Karl Kraus, de la génération Jung-Wien. C’est aussi le temps de Freud, qui en cette année 1897 développe le concept du complexe d’Œdipe.

Wheeler Burden vole un costume et de l’argent, explore son nouveau monde, se lie d’amitié avec une joyeuse bande d’artistes qui se réunit au café, et décide d’aller se présenter à Freud. Son but est avant tout matériel : Wheeler compte sur le neurologue pour lui trouver un hébergement, en échange il lui racontera son incroyable histoire. Marché conclu. Freud se passionne pour le récit de Wheeler, qu’il prend pour « le symptôme d’une hystérie complexe ». Freud est le fil rouge de la famille de Wheeler : sa mère a fait partie du groupe qui a organisé sa venue à Londres, en 1939 ; sa grand-mère a financé son voyage en Amérique et ses conférences à l’université de Clark (Massachusetts) en 1904, où le mot psychanalyse est prononcé pour la première fois.

A Vienne, en 1897, Wheeler Burden devrait se retrouver bien seul, et n’y connaître personne. A part, peut-être, son cher professeur Arnauld Esterhazy, dit Haze, son mentor et protecteur lorsqu’il fréquentait la très chic St Gregory School, à Boston. Wheeler va effectivement croiser son professeur – un jeune homme désespéré par un amour non partagé – mais cette rencontre n’est pas la plus extraordinaire. Dans la Vienne de 1897, il semble que toute sa famille se soit donné rendez-vous, à commencer par son père, le héros – Wheeler a lu tous les romans de Victor Hugo.

Le roman est bâti en chapitres qui font remonter le lecteur dans au moins trois temps différents : l’enfance et la jeunesse de Wheeler, la jeunesse de son père et la rencontre avec sa mère, l’histoire de sa grand-mère maternelle. Auxquels il faut ajouter, évidemment, le temps viennois, qui paradoxalement apparaît comme un temps « présent », comme la diégèse principale de l’histoire. Le père de Wheeler, Dilly, est mort en héros, sous la torture, dans les locaux de la Gestapo parisienne, durant la deuxième guerre mondiale. Lorsque le fils retrouve le père à Vienne, les âges sont inversés : Wheeler a presque cinquante ans, et son père l’âge d’être son fils. Dilly a lui aussi étudié à St Gregory, et Haze était également son professeur. Le père et le fils ont été subjugués par l’enseignement du vieil homme, et la Vienne fin de siècle qu’il leur décrivait est devenue pour eux une ville paradisiaque. Dilly en fait son refuge mental lors de son calvaire à la Gestapo – et c’est là, en partie, l’explication du voyage dans le temps : « Je pensais sans cesse à Vienne, à ta mère et à toi… Sauf que la dernière fois que je t’ai vu, ajouta-t-il avec un sourire incrédule, c’était il y a quelques semaines. Et tu avais 3 ans ».

Wheeler, loin d’être seul et démuni dans une ville inconnue à la fin du XIXe siècle, se trouve bien entouré : Freud qui l’écoute ; son père mort lorsqu’il était enfant, et qui à présent discute avec lui ; les nouveaux amis qu’il s’est faits au café ; et une jeune fille plus que belle, à la fois guindée et cherchant à affirmer sa liberté, dont il tombe éperdument amoureux.

Klimt, Athéna
A partir de la rencontre avec cette jeune fille, tout s’emballe. Les scènes de Vienne trouvent leur explication dans les chapitres revenant à l’Amérique du XXe siècle – à moins que ce ne soit le contraire. Selden Edwards construit un vortex romanesque exceptionnel : l’avenir explique et éclaire le passé, bien entendu, mais les évidences familiales sont balayées et remises dans le bon ordre. Ce roman vertigineux creuse les relations familiales à rebours : en général, ce sont les enfants qui font les frais des inconséquences ou des erreurs des parents. La mère de Wheeler publie, à partir des réflexions de son fils lorsqu’il a une dizaine d’années, un essai intitulé L’Essor de Perséphone, qui part de cette idée : lors du jugement de Zeus entre Déméter et Hadès, on n’a pas demandé son avis à Perséphone. La jeune femme est donc dans la situation de ce que l’on nommerait aujourd’hui la garde partagée, six mois avec son époux, six mois avec sa mère. Cette réflexion que Wheeler a eue à 10 ans, il va l’amplifier dans une conversation avec Freud, à qui il reproche, avec son idée de complexe d’Œdipe, de faire retomber la culpabilité sur l’enfant, d’en faire le seul fautif – vouloir coucher avec sa mère et tuer son père. En général, donc, et c’est un des ressorts de la tragédie grecque, les enfants sont victimes des erreurs de leurs pères. Dans L’Incroyable Histoire de Wheeler Burden, grâce à la mécanique romanesque du voyage dans le temps, les parents (et grands-parents) bénéficient des bienfaits des enfants (et petits-enfants). On ne dévoilera rien de plus ici, mais un peu comme dans Retour vers le futur, le journal très circonstancié que tient Wheeler à Vienne en 1897 est l’objet magique qui permettra à sa grand-mère de faire fructifier un fonds qu’elle a baptisé Hypérion. La mythologie est omniprésente dans le roman – Perséphone, Œdipe, Hypérion, Cassandre et Athéna.

La mythologie creuse un sillon souterrain, qui ancre le roman dans une dimension à la fois psychanalytique et tragique. Mais la comédie est aussi présente, par son ressort d’anachronisme. Qui irait imaginer que l’on jouerait au frisbee dans le parc du Prater et qu’une belle souveraine en grand deuil assisterait à la scène ? Qui irait imaginer que les variations de Buddy Holly sur un thème de Haydn résonneraient dans l’atelier d’un peintre de la Sécession viennoise ? Selden Edwards évite le piège de l’uchronie rebattue : près de Vienne, à Lambach précisément, en cette année 1897, un petit garçon de 8 ans subit les mauvais traitements infligés par son père Aloïs, sous les yeux indifférents de sa mère Klara. Wheeler et son père Dilly rencontrent le garçonnet, et repartent en train à Vienne, sans avoir rien tenté pour déjouer le cours terrifiant de l’Histoire du XXe siècle. Et le petit Adolf ne sera pas psychanalysé par Freud, ne deviendra pas le cas de « l’enfant de Lambach ».

L’Incroyable Histoire de Wheeler Burden est un roman chtonien. La Vienne de 1897 y apparaît comme un purgatoire enchanteur et terrifiant, qui permet aux morts de se retrouver, aux vivants de croire à un avenir à la fois radieux et terrible, aux politiques de poser les bases des horreurs nazies. L’Amérique des sixties est placée sous le double signe – contraire – des concerts de Woodstock et d’Altamont. Le roman référence du jeune Wheeler est Quatrevingt-Treize de Victor Hugo, celui qui décrit la France de la Terreur. On sort émerveillé de la lecture de ce roman. On y repense. On tente, peut-être, de démêler les fils de la filiation biaisée, et de dénicher les paradoxes. On garde, dans tous les cas, une impression d’éblouissement.

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dimanche 7 juin 2015

L’Invention de la pauvreté de Tancrède Voituriez



Tancrède Voituriez, L’Invention de la pauvreté, éd. Grasset, 2013 et éd. 10/18, mai 2015 (les pages des citations dans l’article renvoient à cette édition)

Rodney, Jason, Vicki. Un triangle amoureux classique – le mari, l’amant, la femme. Quelque chose du Pygmalion de Shaw, aussi, peut-être, dans la situation de départ : Vicki est une jeune et belle Vietnamienne que Rodney a arrachée à la pauvreté, ramenée aux USA, inscrite à l’Université. Vicki est fantasque, mouvante, elle danse plus qu’elle ne marche, s’étourdit d’alcool et de drogue, s’entoure d’une foule d’amis. Son monde à elle, c’est la fête et l’indolence. Rodney est un homme sérieux, et la fête ne fait pas partie de son mode de vie. Conseiller du Secrétaire général de l’ONU, il est économiste du développement. Jason, lui, est un biologiste spécialiste des poissons. Il ne compte pas, ni ne dénombre, il est un as de l’estimation. Il est amoureux de Vicki, qu’il a rencontrée quelques temps avant qu’elle n’épouse Rodney.

Ce roman est à la fois terrifiant et hilarant. La mission que Rodney s’est fixée, c’est l’éradication de la pauvreté dans le monde. Le lecteur ne voit pas les pauvres, il ne rencontre que les dirigeants des différentes organisations internationales qui traitent le problème : le FMI, l’ONU, etc. Du restaurant Per se de New-York et ses repas à neuf plats, au Sofitel de Cotonou où le Bénin s’offre au touriste sans sortir de l’enceinte de l’établissement, les pauvres sont au centre des conversations, des missions, et des préoccupations. Mais ils ne sont que des données, ou, plutôt, des variables d’ajustement. Si l’objectif premier est la disparition de la pauvreté (« make poverty history », tel est le slogan de la campagne internationale), tout n’est pas si simple. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’un pauvre ? Quelqu’un qui vit avec moins d’un dollar par jour. Mais qu’est-ce qu’un dollar ? Un dollar aux USA ne permet pas d’acquérir autant de biens alimentaires et non alimentaires de survie quotidienne qu’un dollar dans un pays africain ou asiatique. Et quelle méthode de comptage adopter ? Tous les pauvres sont-ils visibles ? Un pays a-t-il intérêt à avoir beaucoup ou peu de pauvres ? Car s’il en a beaucoup, les prêts qu’on lui consentira seront plus avantageux. Et puis les pauvres, hein, pourquoi les aider, au fond ? Dès qu’ils ont quelques sous, ils courent se souler, voir les filles, ou parier aux courses…

« Rodney traque le pauvre absolu […]. Rodney traque le pauvre que l’on n’a jamais vu, le pauvre ultime, comme d’autres des peuplades primitives retranchées au fond de la dernière forêt. Rodney veut survivre à l’histoire en tant qu’homme de science dévoué au progrès de l’humanité, comme Pasteur ou Flemming ». (p.124. Les pages 124 à 127 résument parfaitement les enjeux mis en évidence dans le roman, sur le ton de l’humour vache et du comique de situation.)

Rodney et Vicki se marient, et la réception est grandiose. Rodney a acheté la maison de Hopper à Cape Cod, les trois cents invités sont acheminés par hélicoptère, des centaines de transats sont installés sur la plage. La fête bat son plein. Jason et Vicki se dévorent du regard. Lorsque Rodney et Jason se retrouvent face à face, la conversation relie les domaines d’expertise respectifs de l’amant et du mari : Jason explique à Rodney, en détail, les modes de calcul de la population de thon rouge dans les océans, et Rodney décide d’appliquer ces modes de calcul aux populations pauvres du globe…

Le roman de Tancrède Voituriez est d’un réalisme désespérant et d’un comique désopilant. Les situations sont toujours cocasses, et le regard que porte le romancier sur le monde qu’il décrit, et qu’à l’évidence il connaît très bien, est d’une belle acuité. Les personnages existent en profondeur : Vicki évolue en somnambule, Rodney n’est pas dupe de ses faiblesses, Jason est tourneboulé par son amour et son désir pour Vicki, lui qui collectionne les aventures, les mariages et les divorces. La narration oscille entre psychologie et constatations économiques. C’est sur le personnage de Rodney, homme à la fois perdu et sûr de sa mission, que se concentrent les vérités les plus terribles :

« Détruire la pauvreté, c’est sauver le monde ; et sauver le monde, c’est se sauver un peu. […] N’importe qui serait convenu à sa place que plus il créait des pauvres, plus il s’enrichissait, et plus il s’enrichissait, plus il créait de pauvres […]. L’ascension sociale fulgurante de celle qu’il choisit pour épouse a été un précieux remède contre les élancements de l’angoisse, le sentiment de l’absurde et la mélancolie ; elle est un accomplissement, comme une marche ou un jalon, quand il regarde sa vie ». (P. 193)

La narration principalement au présent renforce le sentiment d’immédiate actualité. Nous n’appartenons, nous, lecteurs, ni aux classes les plus défavorisées ni aux sphères les plus hautes. La pauvreté la plus extrême, comme l’aisance la plus ample, nous sont des abstractions. Mais le monde du roman de Voituriez est le nôtre, et les personnages nos contemporains. Le constat est amer, rendu avec un cynisme allègre. L’Invention de la pauvreté est un excellent roman, cruel et salubre.

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Extrait :

« Et ce leader d’ONG, ainsi qu’il se présente, apprend à son entourage qu’il vit, lui et sa famille, comme un pauvre parmi les pauvres […]. Vivre comme un pauvre parmi les pauvres est la marque distinctive de son organisation que l’on pourrait qualifier de familiale ; elle est composée d’environ cinq personnes – lui-même, son épouse australienne, leurs deux aînés à mi-temps, et un stagiaire bénévole, généralement une quinqua divorcée et déboussolée par l’inanité de sa vie de Blanche qui ne reste pas plus d’un mois en moyenne, pour finalement renoncer et rentrer chez elle en Amérique ou en Europe, plus déprimée et perdue qu’auparavant. Ancien ingénieur, il aide les pauvres à survivre en offrant ses compétences, et non son argent.
- Cela avance à quoi de vivre comme un pauvre ? demande le YP.
L’homme ne paraît pas comprendre l’intérêt de la question.
- Les pauvres du Mozambique, insiste le YP, ça les avance à quoi que vous viviez comme eux ?
 Ils m’acceptent comme un des leurs.
- Mais vous n’êtes pas pauvre.
- Je me mets à leur place.
- Et ça change quoi, pour eux ? » (p. 185-186)