Toni Morrison, Délivrances (God Help the Child), traduit de l’anglais (USA) par Christine
Laferrière, éd. Christian Bourgois, août 2015, 198 pages.
Le
onzième roman de Toni Morrison débute par une naissance et se termine sur
l’annonce d’une grossesse. Entre ces deux événements un faisceau d’histoires
imbriquées, dont le fil conducteur est le personnage de Lula Ann, qui se fait
appeler Bride. C’est elle, le bébé du premier chapitre. Elle vient de naître,
et sa mère est désespérée, ne comprenant pas comment elle a pu mettre au monde
un enfant si noir, alors qu’elle et son mari sont des mulâtres au teint blond. Le
père s’enfuit, convaincu que l’enfant n’est pas de lui. La mère élève seule sa
fille, sans tendresse, sans jamais la prendre dans ses bras. Jusqu’à ce que
Lula Ann accuse une institutrice d’attouchements sur des enfants. La mère,
soudain fière du geste de sa fille – oser pointer du doigt la coupable, devant
un tribunal –, la prend, enfin, par la main. La petite fille n’attendait que
cela, ne voulait que cela. Quitte à faire un gros mensonge, aux lourdes
conséquences.