Marilyse Leroux, Blanc bleu, éd.
Rhubarbe (3ème volet des publications célébrant les 10 ans de la
maison d’édition), mars 2014, 36 pages.
La lessive est une affaire
de femmes. Il était une fois, dans un temps pas si lointain, remontons
simplement une génération ou deux, selon notre âge et notre extraction… Les
femmes ne lavaient pas leur linge de la même façon à la campagne et à la ville,
à Paris et en Province, à l’époque. Dans le très joli texte de Marilyse Leroux,
on va au lavoir, qui est une simple mare que l’on rejoint à pied – en bottes
ou en sabots – en poussant une brouette pleine à ras-bord. Promenade utile. La
mère papote avec la voisine en se gerçant les mains, les draps bouillent dans
la lessiveuse. Les enfants sont de la partie, un frère et sa petite sœur.
Cette scène familière, ou scène
de genre – le moment de la lessive –, est décrite et racontée par la petite
narratrice. Le milieu est modeste, mais l’imagination enflammée : dans sa
brouette, sur le chemin, la petite est une reine qui roule carrosse. Son frère,
tout à la fois mousquetaire protecteur et grand aventurier. Puis le feu chauffe
sous la lessiveuse, les enfants taillent dans de l’écorce tendre des bateaux
qui régatent sur la rivière. On suce des carambars, on surveille le feu, on
assiste au miracle alchimique du bleu qui rend le blanc plus blanc. Mais le
rouge n’est pas loin, en contrepoint cinglant. On est encore à l’ère du
martinet…
Marilyse Leroux nous offre
un très joli texte, écrit avec alacrité, dans une langue inventive, où les
dialogues sonnent juste. Un souvenir d’enfance transmuté en texte littéraire.