Jean Harambat, Le Detection Club,
éd. Dargaud, octobre 2019.
Le
« Detection Club » est une association d’auteurs britanniques de
romans policiers fondée à la fin des années 1920, nous précise-t-on au tout
début de ce formidable album. Parmi les membres du club on trouve, entre autres
– excusez du peu – Chesterton et Agatha Christie. L’Américain John Dickson Carr
les rejoindra au mitan des années 1930. Dans la bande dessinée de Jean Harambat,
on trouve sept membres du club. Ils ont été invités sur une île en Cornouailles
par un milliardaire pour le moins excentrique qui se déplace dans un monocycle
qui rappelle une roue de hamster et qui a construit un automate, ou un robot, à
l’apparence proche à la fois de l’armure chevaleresque et de la boîte de
conserve. Bien entendu, il y a crime. Crime en chambre close. Qui est le coupable ?
A vrai dire, le
coupable a peu d’importance, et l’avancée de la résolution de l’énigme n’est
pas vraiment au centre de l’histoire. Nous voilà embarqués, plutôt, dans une
comédie un peu fofolle où chaque réplique fait mouche. Chesterton et Agatha
Christie s’envoient des piques, comme de vieux copains. Des piques à
l’anglaise, tout en subtilité et humour british. Ces deux-là sont les
véritables héros de l’histoire, on les retrouve souvent en tête-à-tête, dans
les couloirs de la villa perchée sur la falaise, ou sur la lande. Harambat leur
donne une personnalité impérieuse et déjantée. En fait, dans l’album, ils
forment un couple, même si Agatha va convoler, ensuite, avec l’archéologue Max
Mallowan.
La bande dessinée,
c’est une histoire et de l’illustration. Les dessins de Jean Harambat sont cadrés
au cordeau, les personnages sont traités sous l’angle de la caricature
rigolote, les décors sont grandioses. Trois planches sont illustrées d’une
seule vignette grand format, qui toutes trois insistent sur l’étrangeté de
l’île et de la villa du milliardaire. On notera la belle mise en couleurs de
Jean-Jacques Rouger.
Voilà un album
réjouissant, en forme d’hommage aux auteurs de romans à énigme et à la comédie.
Agatha Christie est ici un personnage de roman policier. Elle est traitée à peu
près comme l’est Catherine Frost lorsqu’elle incarne une Miss Marple dessalée
devant la caméra de Pascal Thomas. Le
Detection Club est un album au ton alerte,
qui se lit d’une traite, qui nous fait rire. Mais pas seulement. On y
redécouvre les dix règles d’or du roman policier édictées par Knox, l’un des
membres du groupe. Malicieusement, Harambat transgresse la règle n°5, en clin d’œil
au lecteur attentif.
A.Christie et Chesterton. © éditions Dargaud |
NB : Le Detection
Club figure dans la sélection BD pour le prix SNCF du Polar 2020, ainsi que
dans la sélection du prix BD FNAC France Inter 2020.