Nicolas Mathieu, Rose Royal,
éd. in8, coll. polaroïd, septembre 2019, 77 pages.
Nicolas Mathieu
publie un court roman – une novella – qui s’articule en trois parties comme les
trois actes d’une tragédie. Car il y a bien un fatum qui plane sur le destin de
Rose, l’héroïne. Elle s’appelle Rose, donc, couleur emblématique du féminin.
Elle a la cinquantaine alerte, est divorcée et mère de deux enfants qui se sont
éloignés et auxquels elle ne pense pas plus qu’ils ne pensent à elle. Elle est
indépendante, gagne correctement sa vie, conduit sa petite voiture et aime se
retrouver au Royal, « un bar tout en longueur, aux murs sombres, avec un long
comptoir », pour boire et papoter avec sa copine Marie-Jeanne après le
boulot. Rose est une femme à peu près heureuse, qui a des aventures mais ne
croit plus vraiment à l’amour. Quand nous la découvrons, elle trimballe dans
son sac un calibre .38, qu’elle a acheté parce qu’elle avait décelé, un soir de
crispation, un drôle d’éclat dans l’œil
du dernier type avec lequel elle avait vécu quelques mois. Le type s’est
tiré sans donner le moindre coup, mais… Rose avait eu peur, elle avait senti
que quelque chose, là, pouvait basculer dans la dispute, dont elle ne sortirait
pas indemne.