Don DeLillo, Zero K,
traduit de l’anglais (USA) par Francis Kerline, éd. Actes Sud, septembre 2017,
300 pages.
Donner comme titre
à un roman l’expression d’une température induit une toile de fond narrative
singulièrement humaine. Par exemple : le 37,2° le matin de Djian renvoyait
à une exploration féminine, entre fièvre et ovulation. Le Zero K de DeLillo nous entraîne sur des voies plus essentielles,
débouchant sur le carrefour ultime : celui de la mort. Ne voyons dans
cette introduction qu’une analogie de température et de titre, et rien d’autre.
Avec Don DeLillo, on le sait, nous sommes dans le roman et ailleurs, nous
sommes lecteurs et partie prenante. Dans Bruits de fond, l’ombre de la mort changeait de statut, de possible à probable,
après le passage d’un nuage toxique. Les personnages de ce roman oscillaient
entre refus et acceptation de l’inéluctable – c’est là un raccourci très…
raccourci, qui ne rend pas compte de l’ampleur du roman, on le comprendra. Dans
Zéro K, la mort est envisagée selon
plusieurs angles, qui vont de la science à l’art contemporain, de
l’industrialisation du suicide à la mise en scène du stockage. Dit ainsi, ça
paraît effrayant. Et ça l’est. Voilà pourquoi une narration distanciée était
absolument nécessaire.