dimanche 10 septembre 2017

Ascension de Vincent Delecroix

Vincent Delecroix, Ascension, éd. Gallimard, 24 août 2017, 640 pages.


L’époque est à la religion, on pourrait difficilement le nier. A la religion prise au sérieux ; à la croyance remise, dans notre société laïque, au cœur d’un débat que l’on croyait clos depuis un bon bout de temps. L’époque n’est pas à la picaresque, et si du point de vue littéraire – dans le domaine français notamment – l’imaginaire a repris quelques droits, le ton des romans est souvent convenu, peu inventif, et les auteurs comme sur la défensive. Vincent Delecroix, avec Ascension, fait figure, en cette rentrée 2017, de ludion magnifique. Il ne prend pas pour sujet la religion en elle-même, ni – surtout pas ! – la religiosité ou la dévotion, mais plutôt le renoncement d’un dieu à sa mission divine, d’un Messie à sa mission messianique. Il ne place pas son lecteur au cœur d’un débat convenu, il l’entraîne sur des chemins dostoïevskiens. Il ne reste pas au ras des pâquerettes, il nous transporte dans l’espace. Lequel espace, soit dit en passant, n’est pas le Ciel mais quand même un peu, et c’est là sans doute la base avérée de ce roman foutraque et roboratif, de ce gros roman de plus de 600 pages qui se dévore et se savoure à la fois, qui alterne les moments de pur récit historique ou réaliste avec des dialogues présentés comme sur un script et des plages de réflexion métaphysique.