Joyce Carol Oates, Carthage, traduit de
l’anglais (USA) par Claude Seban, éd. Philippe Rey, octobre 2015, 608 pages.
Dans la
famille Mayfield, les deux filles portent des prénoms shakespeariens. L’aînée
s’appelle Juliet, la cadette Cressida. Juliet est la « jolie », elle
a 22 ans, est fiancée à un jeune homme, Brett Kincaid, qui est parti combattre
en Irak et en est revenu défiguré, perturbé, claudiquant autant dans sa marche
que dans sa pensée. Cressida a 17 ans, elle est « l’intelligente ». Peut-être
autiste – Asperger ? –, elle n’entre pas dans la norme, pose sur le monde
un regard acide, cynique. Elle dessine à l’encre des personnages imités de
Escher, qui montent et descendent des escaliers improbables, suivent des pentes
qui à la fois sont l’endroit et l’envers d’une réalité insaisissable. A l’insu
de sa famille, elle se rend dans un bar mal famé afin de persuader le caporal
Kincaid qu’ils sont faits l’un pour l’autre, lui le gueule-cassée, elle
l’inadaptée. Cressida ne rentre pas au domicile familial. Dans la Jeep
accidentée du caporal, on découvre du sang, des traces de luttes. La jeune
fille est portée disparue. Brett Kincaid est jugé, condamné, incarcéré.