Pour solde de tout compte
Peut-être que ce n’est pas
la première fois que ça m’arrive, ça, qu’on plagie l’un de mes articles.
Plagier, c’est ce que l’on apprend à ne pas faire à nos lycéens et étudiants,
dans notre lycée, où est en vigueur une charte anti-plagiat dont je donne ici
l’article 1 :
Ce qui est valable au
niveau du lycée et de l’université l’est aussi dans le domaine de la critique
littéraire, mais les sanctions ne sont pas les mêmes… Le respect de la
propriété intellectuelle d’autrui est une marque de bienséance et de bonne
éducation. Ce que tu as écrit me plaît, correspond exactement à ce que je
pense, donc je te cite, et je mets des guillemets. La moindre des choses…
Hier soir, je découvre sur
le site de La Cause Littéraire (qui devrait changer de nom… on y défend cette
cause d’une bien étrange manière…) un article signé Laurence Biava, directrice
adjointe de la publication, à propos de Vernon
Subutex 1 de Virginie Despentes. Cet article reprend à peu près mot pour
mot, au moins dans sa première partie, une chronique que j’ai publiée en
janvier dernier sur La Règle du Jeu.
Voyons voir :
Ce que j'ai écrit :
"Vernon Subutex est construit selon trois axes qui, narrativement, se
rejoignent et fusionnent : il s’agit d’un roman policier, d’une fresque
contemporaine, et de la première saison d’une série littéraire – sur le modèle
des séries télévisées."
Ce que Mme Biava publie
sous son nom : "Vernon Subutex est construit selon trois axes qui,
narrativement, se rejoignent. Ici, il s’agit d’un roman policier et de la
première saison d’une série littéraire, avec toutes les caractéristiques des
séries contemporaines télévisées."
Ce que j'ai écrit :
"Ce Vernon Subutex est un type attachant, un ancien disquaire jeté à la
rue par l’explosion du numérique. Des disquaires, il n’y en a plus, ou presque
: un boulot, et dans le cas de Vernon ce boulot était sa passion, passé à la
trappe. Jeté hors de chez lui, Vernon puise dans son carnet d’adresses et dans
sa liste de contacts Facebook pour trouver à se loger, une nuit ou plus, chez
celui-ci ou celle-là. Des amis, des ex, des loosers ayant un toit sur la tête,
des traders-winners sniffant cocaïne dans des hôtels particuliers… C’est Paris.
Non pas le petit peuple de Paris, mais le peuple de la musique, de la nuit, des
marges. (...) Ses personnages rêvent d’être ce qu’ils ne sont pas, de redevenir
ce qu’ils ne sont plus".
Ce que Mme Biava publie
sous son nom : "Qui est Vernon Subutex ? C’est un type plutôt attachant,
un ancien disquaire passionné, jeté à la rue en raison de l’explosion du
numérique. Le roman raconte sa dérive et sa catharsis. Se mêle tout du long de
l’histoire très scénarisée une mélancolie cristallisée par le personnage de ce
Vernon fortement nostalgique, entouré des fantômes de ses amis de jeunesse
aujourd’hui disparus. En premier lieu, il puise dans son répertoire d’adresses
pour trouver à se loger : des amis, des ex, des losers ayant un toit, des
traders sniffant cocaïne dans des hôtels particuliers… C’est Paris et ses
quartiers chauds dont les descriptions faites par Despentes vont (forcément !)
rester mémorables. Le peuple de la musique et de la nuit, rejoint celui des
marges dans ce qu’il a de plus strié. (...) Dans ces pages, elle extrait et
distille les angoisses et les attentes de tous ses personnages en bout de
course, entre désillusion et réalisme, qui rêvent d’être ce qu’ils ne sont pas,
de redevenir ce qu’ils ne sont plus."
Le web n’obéit pas qu’à la
loi de la jungle – ce que je publie est à tout le monde, vas-y mon gars,
sers-toi. Une amicale mobilisation sur les réseaux sociaux a eu raison de la
plagiaire, son article a été retiré de La Cause Littéraire, et c’est tant
mieux. J’aurais aimé un (tout) petit mot d’excuse, mais bon, attendons, cela viendra
peut-être…
Je veux remercier ici tous
ceux qui ont œuvré amicalement à cette heureuse issue (Virginie, Caroline,
Marie-Hélène et Kévin, entre autres, et tous les amis inconnus). Et remercier
aussi la rédactrice en chef de La Règle
du Jeu pour sa prompte réaction.
L’affaire est close, n’en
parlons plus.