dimanche 1 février 2015

Surprise 9 – De l’influence de la grippe sur les lectures de la lectrice


Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. Si la phrase est vraie – et jamais il ne me viendrait à l’idée de mettre en doute la parole d’un poète –, alors je suis en train de vivre une drôle de période question RDV…

La grippe me tombe dessus – littéralement – lundi soir. Je rentre péniblement chez moi après une belle journée de travail et de réunions diverses. Le soir, j’ai prévu d’avancer dans la lecture des Disparus de Mapleton de Tom Perrotta. Il faut préciser que j’avais, ce lundi-là, deux ouvrages en lecture parallèle, le second étant Les Luminaires d’Eleanor Catton. Les Luminaires est un roman très long (992 pages). Les Disparus de Mapleton me semblait pouvoir s’intercaler sans dommage dans la lecture au long cours du roman néo-zélandais.

La grippe, surtout à ses débuts, est assez exigeante : il s’agit, d’abord et surtout, de maîtriser des muscles douloureux, de juguler une fièvre capricieuse, et de nourrir de toute urgence un corps qui réclame une pitance ogresque, ou à peu près. Les tribulations des habitants de Mapleton soudain m’ennuient, ne parviennent pas à me faire oublier que, bon, oui, quoi… je suis malade.

Trois jours sur le flanc, la grippe s’éloigne tandis que la pneumopathie pointe le bout de sa toux d’enfer. Lessivée. La toux la toux la toux.

Et voilà qu’arrive dans ma boîte aux lettres Mr Mercedes de Stephen King. Mon sauveur ! Rien de tel qu’un bon King pour terrasser la pneumomachin, hein ? King l’a toujours emporté sur tout, question divertissement – prenons ce mot dans son bon sens. Pas cette fois. Ah ! que n’ai-je attrapé la grippe et subi sa pneumotruc corollaire à la sortie de 22/11/63 ! Là, j’étais guérie sur l’heure ! Mr Mercedes n’est pas à la hauteur.

Je ne lis, habituellement, que de la littérature française. La grippe de la lectrice avait rendez-vous avec trois romans étrangers. Ce hasard-là était à peu près improbable. La maladie tend à te faire envisager le monde sous un angle pour le moins hostile. Que les trois romans en cours de lecture traitent de meurtres, de naufrages et d’apparitions de fantômes (Les Luminaires) ; de la disparition soudaine et inexpliquée de 2% de la population mondiale et des conséquences psychologiques qui s’en suivent (Les Disparus de Mapleton) ; d’un serial-killer post 9-11 armé d’une berline allemande et d’un flic à la retraite au bord du suicide (Mr Mercedes) ne tient ni du hasard ni du rendez-vous. Tient, plutôt, de la mauvaise blague. Combattre le mal par le mal est le proverbe le plus ringard que je connaisse.

Je laisse donc de côté, jusqu’à complète guérison, et sans doute un peu plus, ces trois romans délétères.


Et m’en vais choisir, parmi mes livres-compagnons de toujours, celui qui me conduira doucement, tendrement, vers des jours meilleurs.