jeudi 27 décembre 2018

Sérotonine de Michel Houellebecq


Michel Houellebecq, Sérotonine, éd. Flammarion, 4 janvier 2019, 352 pages.


Nous voici de retour en houellebecquie, ce territoire littéraire, mental et sociologique à la fois. Dans Sérotonine, un petit Blanc prénommé Florent-Claude traîne sa dépression et évoque les femmes qui ont peuplé sa vie d’agronome. Il y a Kate, Yuzu, Claire et Camille, entre autres. Camille tient une place à part : c’est la femme aimée, que l’on a trahie et qui s’en est allée, en larmes, après la trahison. Celle que l’on n’aurait pas dû trahir, justement. Elle était jeune, enthousiaste, aimante, concernée par un avenir que l’on aurait pu bâtir en commun. Le nouveau roman de Michel Houellebecq  dessine un parcours imparable de ratages et de retour sur ces ratages. Florent-Claude – dont le prénom n’est jamais prononcé en entier, sauf pour la présentation du personnage, on se contente en général de Florent, et encore incidemment, ce prénom est sans cesse évité dans le texte –, est à la fois incarné et symbolique : sa dépression et son impuissance sont, sans doute, le reflet d’une France en repli, et le reflet de la conviction de Houellebecq que tout, toujours, court à sa perte.