Michel
Houellebecq, Sérotonine, éd.
Flammarion, 4 janvier 2019, 352 pages.
Nous voici de
retour en houellebecquie, ce territoire littéraire, mental et sociologique à la
fois. Dans Sérotonine, un petit Blanc
prénommé Florent-Claude traîne sa dépression et évoque les femmes qui ont
peuplé sa vie d’agronome. Il y a Kate, Yuzu, Claire et Camille, entre autres.
Camille tient une place à part : c’est la femme aimée, que l’on a trahie
et qui s’en est allée, en larmes, après la trahison. Celle que l’on n’aurait
pas dû trahir, justement. Elle était jeune, enthousiaste, aimante, concernée
par un avenir que l’on aurait pu bâtir en commun. Le nouveau roman de Michel
Houellebecq dessine un parcours imparable
de ratages et de retour sur ces ratages. Florent-Claude – dont le prénom n’est
jamais prononcé en entier, sauf pour la présentation du personnage, on se
contente en général de Florent, et encore incidemment, ce prénom est sans cesse
évité dans le texte –, est à la fois incarné et symbolique : sa dépression
et son impuissance sont, sans doute, le reflet d’une France en repli, et le reflet
de la conviction de Houellebecq que tout, toujours, court à sa perte.