dimanche 14 mai 2023

Le Pendule de Foucault de Umberto Eco (relecture de mai 2023)

Umberto Eco, Le Pendule de Foucault (Il pendolo di Foucault, 1988), traduit de l’italien par Jean-Noël Schifano, éd. Grasset, 1990.

S’il te prend, ami lecteur, l’idée d’aller fouiller dans mon blog, tu verras que ce n’est pas la première fois que je parle du Pendule… Ce roman qui disparaît mystérieusement de ma bibliothèque, et que je rachète à chaque fois. Aujourd’hui – enfin, avant-hier, quand l’idée m’a pris de re-re-re…lire Le Pendule…, je n’ai pas retrouvé le dernier exemplaire acquis, celui du Livre de Poche dans une traduction revue par l’auteur et le traducteur. Mais je suis tombée sur la première édition Grasset, en grand format, et je sais pertinemment que ce n’est pas le livre que j’ai acheté à sa sortie, mais sans doute un achat de vide-grenier. Bref, je relis Le Pendule… dans sa première traduction et sa première édition française.

Je ne reviens pas sur ce que je disais dans mes articles de mai et juin 2019, mais je constate qu’aujourd’hui encore, je me suis lancée dans cette re-re-re…lecture au moment où s’amorcent les grandes heures de surveillance. Mercredi qui vient (le 17 mai 2023, donc) je surveille la grande épreuve de BTS MV (Maintenance des Véhicules) : de 12:30 à 18:30. Mais… et là est l’angoisse, je ne suis pas certaine de ne pas avoir fini ma lecture avant cette date-là, tant je suis plongée dans ce texte merveilleux. J’avance à trop grands pas, il ne me restera rien à me mettre sous la dent dans trois jours, qui sait…

A chaque re-re-re…lecture, je m’émerveille de ne pas avoir tressailli sur tel ou tel passage. Ou de l’avoir oublié. Le plus étonnant, cette fois-ci, c’est que j’ai hésité entre relire Guerre et Paix et Le Pendule… pour la grande surveillance. J’ai opté pour Eco, mais, malignement, Eco me fait un clin d’œil :

« Si tu écris tout un roman sur un héros sudiste qui s’appelle Rhett Butler et une jeune fille capricieuse qui s’appelle Scarlett, et puis que tu changes d’avis, tu n’as qu’à donner un ordre et Abou [= Aboulafia, l’ordinateur de Belbo] change tous les Rhett Butler en prince Andrei et les Scarlett en Natacha, Atlanta en Moscou, et tu as écrit Guerre et Paix. »

Ce qui renvoie au carré, au moins, la base romanesque de La Bicyclette bleue de Régine Desforges, soit dit en passant.

Un lecteur est fait de ses lectures, mais plus encore, je crois, de ses relectures. Je relis souvent, et beaucoup. De même que je revoie – que je revisionne – beaucoup de films ou de séries. On s’en étonne. Alors que personne ne s’étonne que l’on écoute plusieurs fois un morceau de musique. Je suis faite de mes relectures, et de mes émerveillements de relecture. Revenons au Pendule

« “O basta là”, dit Belbo. Seul un Piémontais peut comprendre l’esprit avec lequel on prononce cette expression de stupéfaction polie. Aucun de ses équivalents en d’autres langues ou dialectes (non mi dica, dis donc, are you kidding ?) ne peut rendre le souverain sentiment de désintérêt, le fatalisme avec lequel elle reconfirme l’indéfectible persuasion que les autres sont, et irrémédiablement, les enfants d’une divinité maladroite. »

Les enfants d’une divinité maladroite… mais quelle expression ! Quel bonheur d’expression ! Quelle malice dans ce sourire d’écrivain, de sémiologue, d’érudit ! Cette expression fera mon dimanche.

Je vais tenter de ralentir ma lecture pour que mercredi il me reste de quoi tenir six heures, en surveillance. C’est pas gagné… Sinon, pas grave, j’emporterai Guerre et Paix.