François-Henri Désérable, Un certain M. Piekielny, éd. Gallimard, 264 pages, 17 août 2017.
Tout amoureux de la littérature du deuxième pan du XXe
siècle porte en lui son propre Romain Gary : une figure forgée par les
lectures et relectures de l’œuvre – comme pour Proust, et il faudrait écrire
là-dessus, la relecture des Gary est un accompagnement difracté, qui s’inscrit
dans l’expérience accumulée – ; les inédits enfin publiés et dévorés tout
crus puis remis dans leur contexte ; les photos et les emblèmes, ponchos, chapeaux,
chiens, taille de la moustache, de la barbiche ; Emile Ajar et ses
anticipations, Tulipe, par exemple.
Et la limite de validité de ce foutu ticket, titre ramassant dans un même
mouvement le pessimisme de l’homme et l’optimisme de quelques personnages,
comme le Roi Salomon se faisant tailler de nouveaux costumes au bord de la
tombe. Un exemplaire Clair de femme
et un « je me suis bien amusé, au revoir et merci ». Gary le
magnifique, falsificateur et orfèvre, à l’étroit dans une vie si vaste, et si
accomplie. Tout amoureux de la littérature porte en lui son propre Romain Gary.
Le mien est niçois avant tout, il vit son enfance rue de la Buffa, dans la
pension que tient sa mère, pension à l’enseigne « Mermont »,
anticipation de Seberg (sea/berg), comme Jean.
Le Romain
Gary de François-Henri Désérable naît l’année de son bac de français.