Michel Le Bris, Kong, éd.
Grasset, 16 août 2017, 944 pages.
On ne reviendra
pas ici sur les concepts, ou conceptions, de « littérature
voyageuse » ou de « littérature monde », dont Michel Le Bris est
le parrain, si ce n’est le père. Ce roman-là, Kong, suffit à démontrer que la littérature sert – aussi – à
raconter des histoires. Des histoires réelles ou imaginées, se déroulant sous
d’autres cieux que ceux qui nous surplombent et à d’autres époques que celles
que nous hantons. Dont les personnages ne s’expriment pas forcément en français
dans l’économie générale de l’intrigue, mais dont les voix sont rendues en
français sans faux-fuyant ni évitement. En revanche, on peut s’interroger sur
l’expression « roman monstre ». Il s’agit, dans l’inconscient
collectif du lecteur et du critique, d’un roman dépassant les 800 pages, et
embrassant tout un pan de l’Histoire, ou créant tout un monde sui generis. Là encore, la définition est suspecte. Si l’on
s’en tient au nombre de pages, Les
Misérables de Victor Hugo, qui vient de paraître en un seul volume chez
Folio, et qui ne compte pas moins de 1344 pages dans cette édition – en y
incluant les notes, préface et dossier, certes, mais tout de même… – n’est pas
un roman monstre. Mais L’Infinie Comédie
de David Foster Wallace (1488 pages aux éditions de L’Olivier, août 2015), oui,
selon la majorité des critiques. Où situer Kong ?
Sur le rayon des romans d’aventure, à n’en pas douter. Aventure historique,
politique, sociale et économique, mais surtout mentale. Il y est toutefois
question d’un monstre, ou plutôt de deux monstres : un gorille, et un
dictateur.