François Le Lionnais, La Peinture à Dora, (première
publication in Revue Confluences,
Lyon, mars 1946), éd. Le Nouvel Attila, novembre 2016.
En 1944-1945, François Le
Lionnais est déporté au camp de Dora, à côté de Buchenwald, pour faits de
résistance. Il est affecté à la chaîne de montage des V2, qu’il sabote
consciencieusement, avec d’autres camarades, en déclarant bonnes les pièces
défectueuses. La chaîne est située dans un tunnel où les conditions de
« travail » sont, on s’en doute, atroces. A tel point que la durée
moyenne de survie des prisonniers y est de trois mois.
François Le Lionnais est
mathématicien, ingénieur, joueur d’échecs. Il a déjà lu tout ce qu’a publié
Raymond Queneau, mais ils n’ont pas encore fondé ensemble l’OULIPO. Lorsqu’il
est déporté à Dora, Le Lionnais a 44 ans. Il se lie d’amitié avec un jeune
homme, Jean Gaillard. Leur relation aurait quelque chose à voir avec le tandem
maître/élève si les circonstances n’étaient pas si terribles. La vie dans le
camp exacerbe et relativise tout. Le temps n’est plus à compter ou à voir
passer, le temps est une donnée palpable à laquelle il faut rendre son
caractère à la fois abstrait et régulateur.