Jean Echenoz, Envoyée
spéciale, éditions de Minuit,
320 pages, janvier 2016.
Jean Echenoz, dans Envoyée Spéciale, applique les principes
rigoureux de la mécanique du vaudeville. C’est Feydeau au pays de la dynastie
communiste – car on va se retrouver en Corée du nord, après avoir passé une
agréable réclusion au sommet d’une éolienne. Les portes ne claquent pas
vraiment, mais les rouages s’imbriquent parfaitement, déclenchant ce que l’on
nomme en littérature des catastrophes, qui ne sont en rien catastrophiques dans
l’histoire, ou si peu. On rit. Le vaudeville, c’est fait pour ça. On rit et on
admire. Une construction pareille, rigoureuse, terrifiante de rigueur, et qui
ne se prend pas au sérieux… Il en faut, du talent, pour parvenir à cette
désinvolture constructive. Il en a, du talent, Jean Echenoz. On le sait, on le
savait. On s’en émeut à chaque fois.