vendredi 9 septembre 2022

La Vie clandestine de Monica Sabolo

Monica Sabolo, La Vie clandestine, éd. Gallimard, août 2022, 320 p.


Ils sont bien peu nombreux les textes qui, comme La Vie clandestine, parviennent à mettre en évidence à la fois la nécessité de l’écriture et celle de la lecture. Monica Sabolo n’écrit pas un roman, mais deux récits entremêlés qui se nourrissent l’un l’autre alors que rien, objectivement, ne devrait les faire converger. Le livre nous parvient sous la canonique couverture de collection blanche de Gallimard. Il se dévore, le souffle coupé par des enchaînements qui vont de soi dans le déroulement du texte, et avec quelle limpidité !, mais ce que le lecteur – la lectrice, en l’occurrence – voudrait aussi pouvoir tenir en main, c’est le carnet noir où l’autrice a pris ses notes durant tous les mois de la préparation : on y trouve la documentation, les comptes-rendus des rencontres, les réflexions, les souvenirs d’enfance soudain resurgis, et quantité de feuilles volantes pliées, froissées, qui gonflent le carnet et montrent à quel point le texte a surgi d’un chaos. J’aimerais demander à Monica Sabolo qu’elle publie une photo de ce carnet. Je l’imagine comme le contraire exact du carnet de bord, du carnet de voyage, du carnet de notes d’un journaliste. 

Monica Sabolo n’a pas prémédité son sujet. Elle veut écrire mais ne sait pas sur quoi, et, en entendant à la radio une émission sur Action Directe, elle se dit qu’il y a là un sujet ni facile ni tranquille, mais propice à sortir de ses précédents livres, plutôt métaphoriques et poétiques. Elle a envie d’écrire sur le réel. 

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