Denis Grozdanovitch, La Vie rêvée du joueur d’échecs, éd. Grasset, janvier 2021, 208 p.
Les échecs sont à la mode, paraît-il. Les ventes d’échiquiers, pour Noël, et les téléchargements d’applications pour tablettes et téléphones mobiles ont bondi. Tout cela par la magie d’une série, par ailleurs excellente, diffusée sur la plateforme Netflix, Le Jeu de la dame (The Queen’s Gambit), adaptée d’un roman non moins excellent de l’écrivain américain Walter Tevis. Denis Grozdanovitch ne surfe par sur la vague du Jeu de la dame. Le jeu d’échecs, il connaît. Il s’y est englouti, s’en est éloigné, puis y est revenu de façon plus raisonnée. Dans La Vie rêvée du joueur d’échecs, il nous parle, bien entendu, des échecs, mais ce jeu sert de base à une observation plus ample, attentive, de nos comportements et de notre façon d’être au monde.
L’ouvrage est tout à la fois une réflexion sur la place du jeu dans nos sociétés, un parcours philosophique rehaussé de citations, et une balade aux bifurcations merveilleuses qui entraînent le lecteur sur les soixante-quatre cases de l’échiquier. A se demander si Grozdanovitch n’a pas tenté de résoudre le problème du cavalier passant par toutes les cases sans jamais passer deux fois par la même, en empruntant des chemins d’érudition, de confession, et d’observation. Cette balade échiquéenne est formidable d’intelligence, de surprise, et d’humour.