Jean Echenoz, Vie de Gérard Fulmard,
éd. de Minuit, 3 janvier 2020, 240 pages.
Qui est Gérard
Fulmard ? Personne, ou presque. Il ressemble « à n’importe qui, en
moins bien ». Ex-steward débarqué pour une obscure histoire dont on ne
saura rien dans le roman, il a été déchu de ses droits civiques et vivote dans
un « deux-pièces et demie » de la rue Erlanger, où sa mère avant lui
a vécu. La rue Erlanger a été le théâtre d’au moins deux faits divers qui sont
encore dans toutes les mémoires : y a eu lieu le suicide de Mike Brant, au
numéro 6, et au numéro 10 résidait le Japonais cannibale Issei Sagawa. Ce sont
les deux faits divers mentionnés dans le roman. Ajoutons à cette funeste liste
que le 5 février de l’année dernière un incendie se déclarait au 17 bis,
faisant dix morts. Jean Echenoz pose son héros dans cette rue singulière,
marquée. « Héros », entendons-nous : Gérard Fulmard a tout du
flemmard aboulique : il a 45 ans, aucune perspective, vit seul et
passablement désargenté. Une idée lui passe par la tête : ouvrir une
agence de détective, ou quelque chose comme ça. Il choisit comme raison sociale
« Cabinet Fulmard Assistance », un terme assez vague pour attirer
toutes sortes de clients.