jeudi 23 janvier 2020

Vie de Gérard Fulmard de Jean Echenoz


Jean Echenoz, Vie de Gérard Fulmard, éd. de Minuit, 3 janvier 2020, 240 pages.

Qui est Gérard Fulmard ? Personne, ou presque. Il ressemble « à n’importe qui, en moins bien ». Ex-steward débarqué pour une obscure histoire dont on ne saura rien dans le roman, il a été déchu de ses droits civiques et vivote dans un « deux-pièces et demie » de la rue Erlanger, où sa mère avant lui a vécu. La rue Erlanger a été le théâtre d’au moins deux faits divers qui sont encore dans toutes les mémoires : y a eu lieu le suicide de Mike Brant, au numéro 6, et au numéro 10 résidait le Japonais cannibale Issei Sagawa. Ce sont les deux faits divers mentionnés dans le roman. Ajoutons à cette funeste liste que le 5 février de l’année dernière un incendie se déclarait au 17 bis, faisant dix morts. Jean Echenoz pose son héros dans cette rue singulière, marquée. « Héros », entendons-nous : Gérard Fulmard a tout du flemmard aboulique : il a 45 ans, aucune perspective, vit seul et passablement désargenté. Une idée lui passe par la tête : ouvrir une agence de détective, ou quelque chose comme ça. Il choisit comme raison sociale « Cabinet Fulmard Assistance », un terme assez vague pour attirer toutes sortes de clients.