Joyce Carol Oates, Valet de pique (Jack of Spades), traduit de l’anglais (USA) par Claude
Seban, éditions Philippe Rey, 2 mars 2017, 224 pages.
Les romans ayant
pour personnage principal un écrivain sont toujours énigmatiques. Surtout
lorsqu’ils sont rédigés à la première personne. Le lecteur aura tendance à
chercher des correspondances, voire des confessions, dans une œuvre de fiction.
Dans Valet de pique, Joyce Carol
Oates met en scène l’auteur de romans policiers Andrew J. Rush. Un auteur à
succès, que l’on qualifie dans la presse de « Stephen King du
gentleman ». Mais Andrew J. Rush publie aussi, sous le pseudonyme de Valet
de pique, des romans plus violents, dans lesquels jamais la morale ne triomphe,
à l’inverse des polars qu’il signe de son vrai nom. Joyce Carol Oates publie
aussi des romans sous pseudo, mais cela est connu. Son personnage, lui,
préserve soigneusement l’identité du Valet de pique, ni son épouse ni ses
enfants ne sont au courant. La fille d’Andrew J. Rush tombe un jour par hasard
sur un roman signé du Valet de pique. Elle reconnaît dans le texte un épisode
traumatisant de sa propre enfance, et se plaint que quelqu’un, dans l’entourage
de son père, utilise – vole – les motifs de leurs vies. Jamais l’idée que son
père puisse être l’auteur de ce roman ne l’effleure. Le père est pour elle un
roi, incapable d’une telle vilénie.