mercredi 31 août 2022

Le Livre des sœurs d’Amélie Nothomb

Amélie Nothomb, Le Livre des sœurs, éd. Albin-Michel, 17 août 2022, 196 p.



Il est des parents que les enfants encombrent. Mieux, ou pire, des parents qui font comme si leurs enfants n’existaient pas. Florent et Nora sont de ceux-là. Ils se rencontrent alors qu’elle a vingt-cinq ans et lui trente, tombent amoureux, et ne cessent de s’aimer leur vie durant. Sous une pression plus ou moins sociale, ils mettent au monde deux filles, à cinq ans d’intervalle. Pour s’en désintéresser dès leur naissance. Les parents ne sont bien qu’entre eux, tout l’amour qu’ils possèdent ils se le partagent à deux, il n’en reste plus pour leurs filles. Ils ne sont ni méchants ni démissionnaires, simplement, ils ne sont pas là, mentalement. On imagine bien que sur ce point de départ, Amélie Nothomb ne va pas bâtir un roman social, ni une étude de pédopsychiatrie. Elle s’empare du thème à sa manière, celle du conte, cruel.

La première née des sœurs est appelée Tristane, elle est tristoune. La cadette, Laetitia, a le caractère qui correspond à l’étymologie de son prénom : elle est joyeuse. Un amour fou les lie, qui les sauve. La différence fondamentale de leur prime enfance réside dans le regard de l’autre, ou des autres. Personne n’a vraiment regardé Tristane, ni ne lui a parlé, tandis que Laetitia, dès sa venue au monde, a été littéralement couvée du regard par sa sœur. 

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