Michelle Obama, Devenir (Becoming), traduit de l’anglais (USA) par Odile
Demange et Isabelle Taudière, éd. Fayard, novembre 2018, 496 pages.
Le vrai titre de
l’ouvrage est en fait « Devenir Michelle Obama », comme le suggère parfaitement
la mise en page de la couverture. Très adroitement divisé en trois parties
égales, le livre décrit la trajectoire de l’ancienne First Lady, de son enfance
à la Maison Blanche, la partie centrale étant focalisée sur la rencontre avec
Barack Obama, et le couple politique. Une trajectoire exemplaire, racontée avec
émotion et retenue à la fois, que le lecteur a plaisir à découvrir. Mais…
Il y a tout de
même un petit « mais ». Michelle Obama est une icône. Est devenue une
icône. Sa voix porte, on ne scrute pas seulement la façon dont elle est
habillée, on lit ses tweets, on la suit sur Insta, on sait quelle conscience
politique est la sienne, et ce qu’elle pense du nouveau président. Curieusement,
Devenir est un livre
« désengagé », qui, contrairement à ce que son titre laisse prévoir,
n’est pas tourné vers le futur, mais sur ce qui est déjà passé. Bien sûr, il
s’agit de revenir sur les différentes étapes du « devenir moi »,
« devenir nous », « devenir plus ». « Revenir
sur » vs « Devenir ». Mais
ce que l’on aurait aimé, peut-être – enfin, mézigue, ce que j’aurais aimé –
trouver aussi dans ce livre, c’est une promesse, et pas seulement un
itinéraire.
Le livre nous
raconte comment on devient Michelle Obama, et peut servir d’exemple : une
femme solaire qui a été une petite fille et une étudiante comme les autres, une
avocate, une amoureuse, une épouse et une mère de famille, et qui durant les
deux mandats de son mari a accumulé un capital de sympathie et d’adhésion quasi
unanime. Il n’empêche, on reste un peu sur sa faim. Parfois, on touche même à
la caricature :
« Deux fois
par mois, Meredith faisait rouler plusieurs gros portants de vêtements dans mon
dressing, et nous passions une ou deux heures à faire des essayages, nous
efforçant d’adapter les tenues à mes engagements des semaines à venir. »
(p.386)
Disons que Devenir est un livre assez
« girly », qui se lit avec plaisir, et dont on parle entre copines. Certaines
pourraient même s’y reconnaître – ce qui, pour le coup, est un comble – dans ce
qui fait leur quotidien. Mais pour ce qui est de la vision d’un
« devenir » plus ample, plus visionnaire…
« Devenir
Michelle Obama », donc. C’est fait. Y a-t-il une perspective après « devenir
plus » (titre de la troisième partie) ?