Juan José Saer, L’Ancêtre (El entenado, 1983), traduit de l’argentin par Laure Bataillon,
éditions le Tripode, 11 janvier 2018, 192 pages.
Un jeune marin se
retrouve tout seul dans des terres dont il ignore tout, loin de son équipage,
et va vivre des années au sein d’une tribu avant de retrouver son pays
d’origine. Cette anecdote, base de récits romanesques et réflexifs, est un
motif qui parcourt une bonne part de la littérature de tous les pays. Elle
permet le regard sur l’autre, la mise en parallèle des civilisations,
l’observation des mœurs et coutumes de l’inconnu enfin découvert, la surprise
et l’incompréhension. Pour le lecteur francophone de littérature contemporaine,
cette histoire renvoie en premier lieu au très beau roman de François Garde Ce qu’il advint du sauvage blanc
(Gallimard, 2012, prix Goncourt du premier roman). Le héros de François Garde,
un mousse vendéen abandonné par son équipage sur les côtes de l’Australie, est
adopté par les Aborigènes puis recueilli à Sydney par ce que l’on appelle
encore à l’époque un explorateur – nous sommes au milieu du XIXème siècle. La
force du roman de Garde repose sur le récit « en creux » : rien
n’est dit au lecteur de la vie du mousse au sein de la tribu. Il garde son
secret, tandis que s’agitent autour de son cas les représentants des sociétés
savantes européennes. Le roman est basé sur une histoire vraie.
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