Amir Gutfreund, La légende de Bruno et Adèle, 2014,
traduit de l’hébreu par Katherine Werchowski, éd. Gallimard, collection
« Du monde entier », octobre 2017, 288 pages.
Il pleut sur
Tel-Aviv. Des trombes d’eau, un déluge. Des meurtres sont commis, sans doute
une série de meurtres, puisque sur chaque scène de crime on trouve une phrase, poétique
et énigmatique, écrite au pochoir sur un mur. Le commissaire Yona Merlin fait appel
à un jeune journaliste féru de graffiti, qui s’applique à analyser la forme des
lettres des inscriptions. Puis apparaît une lycéenne, vaguement fugueuse,
sacrément dessalée, qui identifie immédiatement la provenance des
inscriptions : ce sont des citations de l’écrivain polonais Bruno Schulz.
Le roman La Légende de Bruno et Adèle
est présenté comme un polar, mais comme tous les bons polars, il dit autre
chose que la chasse à l’assassin. D’ailleurs, le lecteur sait très vite qui
sont les tueurs – ils sont deux, tandem presque graphique : un jeune géant
niais et un vieillard en fauteuil roulant. Le mobile des meurtres est donné
très tôt, également. Ne dévoilons pas tout, mais signalons simplement que si
dans toute tragédie les fils paient pour les crimes des pères, ici l’on saute
une génération pour s’en prendre aux petits-enfants. Comme dans un massacre des
Innocents.