Maëlig Duval, Le Goût des cendres, éditions du Riez, mars 2014, 584 pages.
Si Alexis, des éditions du
Riez, ne m’avait pas contactée via un réseau social pour me demander si
j’accepterais de lire Le Goût des cendres,
je ne serais jamais allée vers ce roman. Peut-être à cause de la couverture, un
peu chromo-médiéval-kitch. Je ne connais de l’heroic fantasy que le délectable
GOT, et encore, sur écran. C’est un imaginaire qui n’est pas le mien, les donjons,
les dragons, tout ça… J’ai été nourrie au Club des cinq et à Fantômette, puis
vinrent Cocteau et Gracq. Autant dire que les médiévaleries…
Eh bien, Le Goût des cendres, j’ai bien fait de
m’y plonger. Aussi prenant qu’un Dumas dans la conduite de l’intrigue, le roman
est bien construit, bien écrit, bien pensé. Il s’inscrit sans doute dans une
lignée dont j’ignore tout ou presque, obéit à des impératifs inconnus de moi,
mais pas à dire : ça marche. Je me suis attachée à Aldire Quarathaïs de
Petit-Erbein, jeune fille qui cache la marque infâmante de la déesse (comme on
cacherait un fleur de lys sur une épaule…) et qui a le caractère affirmé des
héroïnes bien trempées, féminines et déterminées. Elle s’en va délivrer son
fiancé, s’aperçoit qu’elle ne l’aime pas, fait alliance avec ceux qui devraient
être ses ennemis, n’est pas insensible au charme d’un ancien prisonnier qui a
dégoté un dentier tout neuf… tout cela sur fond d’intrigues de palais, de
territoires à préserver ou à conquérir, de manœuvres et de duperies. Le Goût des cendres est un roman
d’apprentissage qui pourrait se décliner sous des latitudes contemporaines, et
dans des contextes sociologiques réalistes.
Le personnage d’Aldire est
une figure féminine moderne. Le rôle des femmes, d’ailleurs, est prépondérant
dans le roman. Dans ce monde « fantasyste » le médiéval côtoie le
quotidien contemporain et ses réflexes. Les codes sont apparents : quête,
objets magiques (le premier étant la perle que doit voler Aldire), lutte pour
les territoires, alliances de façade et rebondissements. Cape et épée. Révolution.
Époque floue, où la météo joue un rôle primordial, et pas seulement pour les
cultures. Où les jeunes filles caracolent à cheval sur les pavés. Mais où il
est fait allusion aux « journalistes », et où l’on se réfère aux
« lois naturelles de l’homme ». L’art y tient une place essentielle,
qu’il soit de la guerre ou de la séduction, de la scène ou de la science.
Disons que pour ma seule
incursion en terre de fantasy, j’ai passé un très joli moment à lire ce roman
qui n’est pas fait pour moi.