mercredi 4 juin 2014

Surprise 5 – Le Goût des cendres de Maëlig Duval


 Maëlig Duval, Le Goût des cendres, éditions du Riez, mars 2014, 584 pages.

Si Alexis, des éditions du Riez, ne m’avait pas contactée via un réseau social pour me demander si j’accepterais de lire Le Goût des cendres, je ne serais jamais allée vers ce roman. Peut-être à cause de la couverture, un peu chromo-médiéval-kitch. Je ne connais de l’heroic fantasy que le délectable GOT, et encore, sur écran. C’est un imaginaire qui n’est pas le mien, les donjons, les dragons, tout ça… J’ai été nourrie au Club des cinq et à Fantômette, puis vinrent Cocteau et Gracq. Autant dire que les médiévaleries…

Eh bien, Le Goût des cendres, j’ai bien fait de m’y plonger. Aussi prenant qu’un Dumas dans la conduite de l’intrigue, le roman est bien construit, bien écrit, bien pensé. Il s’inscrit sans doute dans une lignée dont j’ignore tout ou presque, obéit à des impératifs inconnus de moi, mais pas à dire : ça marche. Je me suis attachée à Aldire Quarathaïs de Petit-Erbein, jeune fille qui cache la marque infâmante de la déesse (comme on cacherait un fleur de lys sur une épaule…) et qui a le caractère affirmé des héroïnes bien trempées, féminines et déterminées. Elle s’en va délivrer son fiancé, s’aperçoit qu’elle ne l’aime pas, fait alliance avec ceux qui devraient être ses ennemis, n’est pas insensible au charme d’un ancien prisonnier qui a dégoté un dentier tout neuf… tout cela sur fond d’intrigues de palais, de territoires à préserver ou à conquérir, de manœuvres et de duperies. Le Goût des cendres est un roman d’apprentissage qui pourrait se décliner sous des latitudes contemporaines, et dans des contextes sociologiques réalistes.

Le personnage d’Aldire est une figure féminine moderne. Le rôle des femmes, d’ailleurs, est prépondérant dans le roman. Dans ce monde « fantasyste » le médiéval côtoie le quotidien contemporain et ses réflexes. Les codes sont apparents : quête, objets magiques (le premier étant la perle que doit voler Aldire), lutte pour les territoires, alliances de façade et rebondissements. Cape et épée. Révolution. Époque floue, où la météo joue un rôle primordial, et pas seulement pour les cultures. Où les jeunes filles caracolent à cheval sur les pavés. Mais où il est fait allusion aux « journalistes », et où l’on se réfère aux « lois naturelles de l’homme ». L’art y tient une place essentielle, qu’il soit de la guerre ou de la séduction, de la scène ou de la science.


Disons que pour ma seule incursion en terre de fantasy, j’ai passé un très joli moment à lire ce roman qui n’est pas fait pour moi.