samedi 21 juin 2014

La musique de l’herbe et les fleurs du poète de Sylvestre Clancier



Sylvestre Clancier, La Musique de l’herbe et les fleurs du poète, éditions du Petit Flou, mai 2014.

L’œuvre poétique de Sylvestre Clancier trouve son assise sur les trois ordres : minéral, végétal, animal. Dans le très joli livret que proposent les éditions Petit Flou, La Musique de l’herbe et les fleurs du poète, le poète se penche à nouveau sur le motif de l’herbier. Sous le vert de la couverture, les pages de papier chiffon abritent une réflexion qui relie la nature et la culture, l’émotion première et la littérature.

La « Jolie môme » est fleur des champs et des villes :
« Fleur du ballast, fleur oubliée
T’es toute nue sous la lune »
tandis que les poètes renouent avec une nature intrinsèque :
« Marcelline des vallons morts […], Ronsard des roses »
 Ce sont les « poètes en fleurs ». Et dans la liste surgit « Nerval d’Orient », poète-phare de Sylvestre Clancier.

Chez Clancier, les ordres forment un ordre primordial qui n’a rien de la classification. C’est le grand tout dont nous dépendons, et dont nous sommes les gardiens. Si une chronologie perce parfois dans le poème :
« L’androsace est première […]
Après c’est l’immortelle […]
Ensuite c’est la primevère… »
ce n’est que pour suivre un ordre alphabétique imposé culturellement, et un ordre mémoriel arbitraire, fruit de l’émotion première, celle de l’enfance.

À la gentiane sont consacrées les quatre dernières pages de ce petit livret. Plante particulière en cela qu’elle semble calquer son épanouissement sur celui du petit d’homme – à moins que ce ne soit l’inverse :
« Belle gentiane jaune
tu attends tes dix ans
pour faire tes première fleurs
un peu comme un enfant
pour qui ce n’est pas l’heure […] »

L’enfance et l’herbier sont, pour Sylvestre Clancier, un même espace-temps. Inlassablement, le poète revient sur le motif, l’amplifie et le malaxe : corrélations, correspondances, surprise et ébahissement. C’est dans la nature primordiale et la recherche de l’état d’enfance que se nichent, pour Clancier, autant la vérité poétique que la vérité de l’homme. Ici, la parole rimée est privilégiée, de même que le vers aux pieds canoniques. Depuis quelques années, Sylvestre Clancier travaille en parallèle le vers libre et le poème plus classique, sans jamais se départir de son inspiration : la respiration du souvenir premier.

NB : les éditions du Petit Flou proposent des merveilles de recueils fabriqués avec attention, scellés sous une enveloppe à décacheter.