dimanche 23 juin 2019

Good Omens (mini-série TV)


Good Omens,  mini-série de 6 épisodes d’après le roman éponyme de Neil Gaiman et Terry Pratchett (1990), scénario de Neil Gaiman, réalisation de Douglas Mackinnon, diffusion Amazone Prime Video, première diffusion le 31 mai 2019.


Préambule : je ne connaissais de Neil Gaiman que son roman graphique Sandman et ses conférences vidéo d'art matters, ou quelque chose comme ça. J'ai essayé de lire American Gods, puis de regarder la série, mais pas pu, ni lire ni regarder.

Il paraît qu'une pétition circule aux USA pour interdire la diffusion de la série Good Omens (les pétitions, c'est tendance), sous prétexte qu'il est inimaginable que les forces angéliques et démoniaques s'unissent pour sauver le monde (les thèmes des pétitions me sont décidément incompréhensibles).

Pitch : Satan envoie sur terre son bébé (l’Antéchrist) afin de détruire le monde. Un démon (qui s’appelait Rempant, parce que c’est lui qui avait séduit Eve au jardin d’Eden, et qui a changé de nom pour prendre celui de Rampa, chaussant lunettes noires pour dissimuler ses yeux de reptile, se déplaçant en Rolls) et un ange (Aziraphale, libraire sur terre, maniéré, sapé Milord début XXème et appréciant la bonne chère) s’unissent pour que la fin du monde n’advienne pas. Ils veillent sur l’enfant – enfin, ils se trompent de gosse, mais ensuite ils retrouvent l’Antéchrist, qui a grandi et est à présent un gamin de 11 ans. En haut et en bas – i.e. au Ciel et en Enfer – on n’est pas très d’accord pour empêcher l’Armageddon, surtout au Ciel d’ailleurs, car « il ne s’agit pas d’empêcher la guerre, il s’agit de la gagner. » L’humanité doit être sacrifiée pour permettre le combat final entre anges et démons, quand les hommes auront été décimés.

Je cherche un adjectif pour qualifier la série, et je n'en trouve pas de satisfaisant. C'est cool, délicieusement régressif (la bande de pré-ado autour du jeune Adam, l’Antéchrist, a des allures de la bande de Stranger things), rigolo comme tout mais enfin, ce n'est pas la série du siècle. Une série Z un peu punkie, qui ne se prend pas au sérieux, qui utilise toutes les ficelles éprouvées de l'Armageddon (les quatre cavaliers de l'apocalypse sur des motos, deux femmes et deux hommes, mais code couleur respecté, par exemple), qui propose un Ciel glacial (du blanc, du vide, des vitres...) et un Enfer très peuplé (on s'y marche dessus). C'est kitch et désuet, pas très inventif. De l'eau bénite et des flammes, quoi. C'est peut-être le but : s'en tenir à l'attendu. Je reste sur ma faim. Belzébuth et ses comparses sont pustuleux à souhait, Gabriel est interprété par Jon Hamm, que j’ai nettement préféré dans Mad Men. Il n’arrive pas à la cheville du Gabriel interprété par Tilda Swinton dans Constantine. L’archange Michel est joué par une femme, et je ne comprends pas que dans la version française on s’obstine à l’appeler Michael prononcé à l’anglo-saxonne. Ça m’a ramenée des années en arrière, lorsque j’ai cessé d’écouter France-Culture après qu’une présentatrice a lancé un sujet sur le Livre de Job (entendre « djob », comme un job d’été). Et je ne parle pas du requiem de Faure (comme les cuisinières), ça, c’était sur France-Musique. Il paraît que ça s’est amélioré depuis, sur FC et FM, mais je n’y suis pas retournée.

Bref.

J’ai donc avalé les six épisodes avec plaisir mais sans enthousiasme, la série est marrante et ne se prend pas au sérieux, c’est déjà ça. Sans doute y a-t-il, dans l’intention première, la volonté non pas de moderniser les visions du Ciel et de l’Enfer, du Bien et du Mal, mais de se couler dans un moule déjà éprouvé, et d’aller jusqu'au bout du truc. Sans doute. Cela dit, à partir de l’idée de remplacer le cavalier Pestilence par la cavalière Pollution, on aurait pu lorgner vers l’état des lieux de notre monde – il est fait allusion aussi aux centrales nucléaires. Mais il n’en est rien, me semble-t-il. C’est une série « cool » et « rigolote », voilà. On y croise des sorcières et des descendants d’inquisiteurs, une pute assimilée à Jézabel et Shakespeare en panne d’inspiration, on y apprend que Bach, Mozart, Beethoven et Schubert sont en enfer – mais qui en doutait, du point de vue symbolique s’entend ?

On est donc, dans cette série, dans une sphère strictement chrétienne, avec Enfer et Paradis, hiérarchies céleste et démoniaque bien identifiables, etc. On en sursaute d’autant plus à l’évocation du Styx, au détour d’un dialogue. Que viennent faire les Enfers grecs dans cette galère ?

Et donc, aujourd’hui, j’ai visionné Good Omens. Ça, c’est fait.