Good Omens, mini-série
de 6 épisodes d’après le roman éponyme de Neil Gaiman et Terry Pratchett
(1990), scénario de Neil Gaiman, réalisation de Douglas Mackinnon, diffusion
Amazone Prime Video, première diffusion le 31 mai 2019.
Préambule : je ne connaissais de Neil Gaiman
que son roman graphique Sandman et
ses conférences vidéo d'art matters, ou quelque chose comme ça. J'ai essayé de
lire American Gods, puis de regarder
la série, mais pas pu, ni lire ni regarder.
Il paraît qu'une
pétition circule aux USA pour interdire la diffusion de la série Good Omens (les pétitions, c'est
tendance), sous prétexte qu'il est inimaginable que les forces angéliques et
démoniaques s'unissent pour sauver le monde (les thèmes des pétitions me sont
décidément incompréhensibles).
Pitch : Satan envoie sur terre son bébé
(l’Antéchrist) afin de détruire le monde. Un démon (qui s’appelait Rempant,
parce que c’est lui qui avait séduit Eve au jardin d’Eden, et qui a changé de
nom pour prendre celui de Rampa, chaussant lunettes noires pour dissimuler ses
yeux de reptile, se déplaçant en Rolls) et un ange (Aziraphale, libraire sur
terre, maniéré, sapé Milord début XXème et appréciant la bonne chère)
s’unissent pour que la fin du monde n’advienne pas. Ils veillent sur l’enfant –
enfin, ils se trompent de gosse, mais ensuite ils retrouvent l’Antéchrist, qui
a grandi et est à présent un gamin de 11 ans. En haut et en bas – i.e. au Ciel
et en Enfer – on n’est pas très d’accord pour empêcher l’Armageddon, surtout au
Ciel d’ailleurs, car « il ne s’agit pas d’empêcher la guerre, il s’agit de
la gagner. » L’humanité doit être sacrifiée pour permettre le combat final
entre anges et démons, quand les hommes auront été décimés.
Je cherche un
adjectif pour qualifier la série, et je n'en trouve pas de satisfaisant. C'est
cool, délicieusement régressif (la bande de pré-ado autour du jeune Adam,
l’Antéchrist, a des allures de la bande de Stranger
things), rigolo comme tout mais enfin, ce n'est pas la série du siècle. Une
série Z un peu punkie, qui ne se prend pas au sérieux, qui utilise toutes les
ficelles éprouvées de l'Armageddon (les quatre cavaliers de l'apocalypse sur
des motos, deux femmes et deux hommes, mais code couleur respecté, par
exemple), qui propose un Ciel glacial (du blanc, du vide, des vitres...) et un
Enfer très peuplé (on s'y marche dessus). C'est kitch et désuet, pas très
inventif. De l'eau bénite et des flammes, quoi. C'est peut-être le but : s'en
tenir à l'attendu. Je reste sur ma faim. Belzébuth et ses comparses sont
pustuleux à souhait, Gabriel est interprété par Jon Hamm, que j’ai nettement
préféré dans Mad Men. Il n’arrive pas
à la cheville du Gabriel interprété par Tilda Swinton dans Constantine. L’archange Michel est joué par une femme, et je ne
comprends pas que dans la version française on s’obstine à l’appeler Michael
prononcé à l’anglo-saxonne. Ça m’a ramenée des années en arrière, lorsque j’ai
cessé d’écouter France-Culture après qu’une présentatrice a lancé un sujet sur
le Livre de Job (entendre « djob », comme un job d’été). Et je ne
parle pas du requiem de Faure (comme les cuisinières), ça, c’était sur
France-Musique. Il paraît que ça s’est amélioré depuis, sur FC et FM, mais je
n’y suis pas retournée.
Bref.
J’ai donc avalé
les six épisodes avec plaisir mais sans enthousiasme, la série est marrante et
ne se prend pas au sérieux, c’est déjà ça. Sans doute y a-t-il, dans
l’intention première, la volonté non pas de moderniser les visions du Ciel et
de l’Enfer, du Bien et du Mal, mais de se couler dans un moule déjà éprouvé, et
d’aller jusqu'au bout du truc. Sans doute. Cela dit, à partir de l’idée de
remplacer le cavalier Pestilence par la cavalière Pollution, on aurait pu
lorgner vers l’état des lieux de notre monde – il est fait allusion aussi aux
centrales nucléaires. Mais il n’en est rien, me semble-t-il. C’est une série
« cool » et « rigolote », voilà. On y croise des sorcières
et des descendants d’inquisiteurs, une pute assimilée à Jézabel et Shakespeare
en panne d’inspiration, on y apprend que Bach, Mozart, Beethoven et Schubert
sont en enfer – mais qui en doutait, du point de vue symbolique s’entend ?
On est donc, dans
cette série, dans une sphère strictement chrétienne, avec Enfer et Paradis, hiérarchies
céleste et démoniaque bien identifiables, etc. On en sursaute d’autant plus à l’évocation
du Styx, au détour d’un dialogue. Que viennent faire les Enfers grecs dans
cette galère ?
Et donc, aujourd’hui,
j’ai visionné Good Omens. Ça, c’est fait.