Comment entrer, de plein
fouet, dans le contemporain ? Comment tordre, littérairement, un réel qui cogne,
et cogne fort ? Comment faire d’une actualité immédiate – à laquelle se
substitue immédiatement une autre actualité – une matière romanesque d’évidence,
et réussir à embarquer le lecteur dans ce qu’il connaît et redoute ?
L’actualité n’est pas le contemporain, on le sait – ou, tout au moins, on le
perçoit. Entre ces deux notions, le réel s’immisce. Karine Tuil, avec L’Insouciance, nous offre en cette
rentrée un roman exceptionnel, qui brasse ce qui nous fait peur, qui montre ce
que l’on ne veut pas voir, qui appuie sur des plaies béantes que l’on peine à
suturer.