Une
vieille mère et une jeune amante parlent de l’homme qu’elles ont en
commun : Geoffrey, la cinquantaine bien tassée, fils adoré et amant
éconduit. Elles en parlent sans doute de vive voix, lorsque Noémie va rendre
visite à Jeanne, dans la ville proustienne de Cabourg. Mais le lecteur tient entre
ses mains un roman épistolaire, et seules les lettres échangées entre les deux
femmes – et quelques rares lettres du fils et amant – permettent de
reconstituer ce qui s’est joué, ce qui a été envisagé et vécu. La
correspondance est à la fois mensongère et révélatrice. Plus que dans le récit,
les voix que l’on entend dans un roman épistolaire sont sujettes à caution.
Régis Jauffret, dans son dernier ouvrage, traite le thème des liaisons
dangereuses sur un mode plus qu’acide. Ses personnages marchent sur le fil
d’une folie assumée, tressant la mort et l’amour dans des entrelacs et des
retournements qui donnent à voir les circonvolutions de cerveaux enflammés.
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