Philippe Forest, Crue, éd. Gallimard,
18 août 2016, 272 pages.
L’homme est seul, dans une
ville qu’il avait quittée et dans laquelle il est revenu. Sa ville natale. Il a
vécu, est hanté par un deuil qui l’a comme déshabité. Il y a en lui un grand
vide, celui de sa fille disparue. Ce vide est autre chose que le néant, différent
de l’anéantissement. Ce vide induit une perception difractée de la réalité,
renforcée par l’évolution du quartier dans lequel cet homme a élu
domicile : les promoteurs érigent de hautes tours près de son immeuble séculaire.
La transformation est rapide, des commerces modernes s’installent puis ferment,
faute de clientèle. Une espèce de ville fantôme. Le décor du roman de Philippe
Forest est un personnage à part entière de l’histoire, changeant et mutique,
vide et en mouvement.